» La promenade de santé » anticipée par le public et la presse locale a failli tourner au cauchemar. L’excès de confiance, ajouté au manque de compétition d’un certain nombre de joueurs et l’absence d’une partie de l’ossature (Mehdi Benatia, Hakim Zyech, Younes Belhanda, Amine Harit …) ont vidé les Lions de l’Atlas de leur substance.
Les 40.000 fans présents samedi soir au Complexe Mohammed V de Casablanca ne pouvaient en croire leurs yeux. Les Lions de l’Atlas n’étaient que l’ombre de la terrible machine ayant séduit le monde en Russe. Ils ont joué contre nature et, paradoxalement, les Comores les ont combattus par les armes utilisées par Hervé Renard, à savoir le pressing haut sur fond de rythme effréné. D’aucuns croyaient que les Marocains jouaient à l’économie en prévision du match retour dans trois jours mais en vérité, la machine manquait de pression suffisante par la faute notamment d’une ligne médiane vieillotte, en manque de fraîcheur physique, à l’image d’Al Ahmadi et de Mbarek Boussoufa (34 ans), en chômage cette cette saison faute de club.
Pourtant quand Merouane Da Costa a menacé la cage comorienne, les tribunes ont cru à l’insurrection. Illusion, les Lions ont continué à mouliner en vase clos, pour être cueillis à froid, un ballon de but sauvé miraculeusement par le gardien Yassine Bounou (51′). Les visiteurs prenaient confiance jusqu’à manoeuvrer dans le camp marocain, profitant des couloirs laissés libres et une défense ne proposant pas l’assurance requise.
L’ailier gauche, Faïz Salmani manqua d’obtenir le pénalty à deux reprises et même d’ouvrir le score mais a été neutralisé in extremis au moment de la conclusion (64′). Autant dire que les occasions les plus franches ont été à l’actif des Comoriens. Jouant le va-tout, Hervé Renard incorpora deux fers de lance supplémentaires (Oualid Azaro et Ayoub El Kaabi). En vain. La double muraille comorienne érigée par le coach Amir Abdou était hermétiquement close autour du gardien Ali Ahmada. Le temps s’égrenait ; l’arbitre Nadjim Aboucharbe ajouta 5 minutes d’extra time qui furent une éternité pour les visiteurs. Une incursion en force dans le rectangle libèrera les Lions et fera exploser les gradins. A la clé, un pénalty, à la suite d’une faute sur Achraf Hakimi. Fayçal Fajr le transforma avec brio, sauvant la mise au bout du bout du temps additionnel (90+7) et sauvant la face d’une équipe malmenée devant son public.
Une défaite la tête haute pour le petit poucet de ce groupe qui avait failli auparavant battre le Cameroun, leader du groupe. Hervé Renard n’a pas manqué d’ailleurs de saluer la « qualité et l’abnégation » des Comoriens et d’ajouter : » Je ne vais pas vous mentir, on a été trop moyen pour ne pas dire mauvais … Il y a trois mois lors de la Coupe du Monde, nous avions le même sentiment que l’adversaire d’aujourd’hui « . Les hommages de Renard sont allés au public et non aux joueurs : » Félicitations au public qui ne nous a pas sifflés et qui nous a poussés jusqu’au bout « .
Le retour mardi au stade international Saïd Mohamed Cheikh à Mitsamiouli se présentera comme un véritable match-piège pour les Marocains face à des Comoriens dont une demi-douzaine de joueurs seulement évoluent dans des clubs de première ou de deuxième division. Question : les Coelacanthes sont-ils de bien meilleurs joueurs qu’on ne le pense, ou bien les Lions Indomptables et de l’Atlas ont-ils beaucoup régressé ? Attendons le match de Mitsamiouli pour avoir un petit début de réponse.